Wednesday 19 November 2008

Somalie: la piraterie, fruit de la 'faillite' de l'Etat

My Crisis group colleague, Daniela Kroslak, and I published this in Les Echos 19 November 2008.

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C'est étrange comme un pays africain peut passer d'une situation de chaos prolongé à un violent effondrement sans que personne ne le remarque, jusqu'à ce que des navires soient détournés par des hommes armés.

La Somalie connaît la période la plus noire de son histoire récente, ce qui veut dire beaucoup dans un pays qui n'a pas réellement eu de gouvernement depuis pratiquement une génération. Pourtant, l'attention médiatique qui a été porté sur la somalie ne mentionne pas la guerre, l'exode de déplacés ou la réponse humanitaire internationale décroissante.

Les morts et les déplacements en Somalie sont causés par de violents affrontements entre les troupes du gouvernement de transition et leurs alliés éthiopiens d'une part, et des insurgés d'autre part. Les officiels africains et occidentaux haussent les épaules face à une situation extrême en Somalie. Un manque de volonté politique, d'investissement et d'imagination ont fait de ce pays un cas désespéré à leurs yeux... et sans aucun intérêt économique.

Selon les Nations unies, 2,5 millions de personnes ont un besoin urgent d'assistance en Somalie. 750.000 personnes ont été déplacées de Mogadiscio. Des pénuries d'eau et des sécheresses sévères ont frappé le centre et le nord du pays, ajoutant encore aux conditions de vie difficiles de la population.

Réalisant que personne ne prêtait la moindre attention à la Somalie, la plupart des médias internationaux ont également ignoré le pays, mentionnant à peine les très violents combats à Mogadiscio il y a quelques mois par exemple ou le contrôle par la milice islamiste des Chabab d'une portion toujours plus grande du territoire.

Les militants des Chabab dans le sud et le centre combinent leurs opérations militaires avec une présence politique. L'apparition et la consolidation d'un mouvement islamiste qui poursuit un agenda régional et international vont créer une menace croissante dans le reste de la corne de l'Afrique. Le manque d'engagement stratégique de la communauté internationale est un obstacle majeur au progrès. Il ne faut pas oublié que la piraterie au large des côtes de la Corne de l'Afrique est le fruit d'une Somalie " Etat faillite " par excellence.

Seul un processus de réconciliation nationale devrait mettre fin à un cycle de revanche qui a ravagé le pays pendant deux décennies. Pour motiver tous les acteurs à aborder ce sujet, il faudrait développer des mécanismes de responsabilisation qui s'appliqueraient aux auteurs de crimes commis par toutes les parties. Un accord sur un processus électoral menant à l'élection démocratique de leaders politiques est indispensable.

Tout ceci peut sembler hors de portée pour un Etat en faillite comme la Somalie. Mais, si les dirigeants mondiaux et les médias internationaux donnaient à ce processus de paix la même priorité qu'ils offrent aux pirates, le progrès serait bien plus facile.


Daniela Kroslak est directrice adjointe du programme Afrique de l'International Crisis Group. Andrew Stroehlein est directeur des médias et de l'information.

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